1976-1982, maturation du projet et naissance du CDE
Dès le milieu des années 70, de l’intérieur de l’hôpital, on assiste à la maturation très rapide d’un projet de sortie fondé sur des objectifs de rupture avec l’univers anonyme, contrôlé et centralisé de l’accueil collectif en milieu hospitalier. De ce constat découle la diversification des lieux d’accueil en petites structures à taille humaine, implantées sur tout le territoire morbihannais, banalisées et permettant l’individualisation de la prise en charge en lien avec les familles, la réduction massive de la capacité globale, la large délégation de pouvoir faite aux professionnels, notamment aux personnels éducatifs, la capacité permanente à innover dans la recherche des réponses… Les premières implantations concernent les jeunes de 6 à 18 ans. Trois unités familiales de 12 places sont créées : à Lorient en 1978, à Pontivy en 1979, à Vannes en 1982. L’hébergement, mixte, est assuré en internat dans un cadre convivial. Les différentes tranches d’âge y sont accueillies ensemble. Dès cette époque, l’esprit et l’identité de l’établissement sont affirmés, fondés à la fois sur les missions officielles d’accueil, d’observation et d’orientation des populations hébergées et sur l’engagement militant des acteurs du changement.
1983-1990, développement et diversification de l’action
Avec la décentralisation, l’ASE est rattachée au département. Le CDE devient un service du Conseil général et dépend de la Direction Générale des Interventions Sanitaires et Sociales (DGISS). Une mission de prévention lui est alors impartie. Le CDE s’y implique en impulsant la création de structures nouvelles et en participant à leur fonctionnement par la mise à disposition de personnel qualifié. Des « maisons vertes » sont ainsi créées à destination des parents de très jeunes enfants pour favoriser les échanges et la socialisation : « La Courte Échelle » à Vannes, en 1988, et « Arc-en-ciel », à Ploërmel, en 1990. Deux consultations pour la prévention précoce des difficultés de l’enfant (CPPDE) sont également ouvertes : « Le Coin de Soleil » à Vannes en 1989 et « Eclore » à Lorient en 1989, devenues CAMSP.
Toujours dans cet objectif de prévention, le CDE s’engage dans une action de sensibilisation de l’opinion publique et de la réflexion collective dans les domaines relevant de sa compétence. Il organise à ce titre, en 1989, une « Journée départementale sur l’Adoption » réunissant de nombreux partenaires.
Parallèlement, le transfert des structures d’hébergement se poursuit, avec l’implantation sur l’ensemble du Morbihan, en 1986, de la Pouponnière familiale départementale (24 places pour les 0-6 ans), qui renonce à l’internat collectif et fait le choix de l’hébergement en « familles d’accueil » pour tous les enfants. La famille d’accueil va devenir, pour le CDE, l’un des supports essentiels d’un suivi plus individualisé, plus humanisé et plus souple.
Les problèmes récurrents rencontrés dans les unités familiales en place démontrent la relative inadaptation de ces internats à accueillir simultanément des publics aux problématiques trop différentes. Pour faire face, le CDE réaménage le projet de Vannes en 1987 et crée à Ploërmel, en 1990, un « lieu d’accueil », avec hébergement en famille d’accueil. Cette transformation, pour mieux adapter le suivi de jeunes particulièrement perturbés, atténue du même coup, pour les équipes responsables, les difficultés de l’accueil en internat.
Au cours de cette période, la professionnalisation et la structuration de l’établissement se confirment. En 1990 le CDE acquiert la personnalité juridique, ce qui lui assure une plus grande souplesse d’organisation.
1991-2006, structuration et développement de partenariats
Les actions de prévention se développent. Quatre lieux d’accueil et d’écoute, à destination des jeunes en très grande difficulté, sont créés à l’initiative du CDE. Les « Passe-Muraille », avec le soutien d’un réseau patiemment mis en place, voient le jour : à Vannes en 1991, à Lorient en 1993, à Pontivy en 1995, à Ploërmel en 1999.
De plus, de nombreuses manifestations sont organisées sur la maltraitance, l’adolescence, les conduites à risque chez les adolescents, la citoyenneté chez les jeunes, la violence…
Pour les 4-18 ans, l’hébergement gagne en capacité et se diversifie. Trois nouveaux « lieux d’accueil » sont ouverts : à Pontivy, en 1993, en remplacement de l’unité familiale créée en 1979, à Lorient en 1995, à Vannes en 1999.
Depuis peu, quelques « lieux atypiques » accueillent, chez des accompagnants en contrat avec le CDE, des adolescents nécessitant une prise en charge et un suivi très particuliers.
En 1995, un service départemental d’accueil mère-enfant est créé pour les jeunes femmes enceintes ou pour les mères de jeunes enfants de 0 à 3 ans. Ce nouveau service du CDE vient compléter le dispositif départemental constitué, outre quelques places conventionnées dans certains CHRS, de la Maison maternelle de Josselin (centre maternel la « Chrysalide »).
Courant 2005 et début 2006, le CDE participe activement à la mise en place de la Maison Des Adolescents (MDA) à Vannes ouverte en novembre 2006. Il met notamment à sa disposition les locaux et du personnel. La Maison Des Adolescents s’adresse aux adolescents jusqu’à 18 ans et à leurs parents. Ils peuvent s’y rendre librement et gratuitement. Elle se donne pour mission de fédérer les expertises et les compétences des acteurs intervenant dans le monde de l’adolescence. Ainsi, en un lieu unique et banalisé, elle se propose de mettre à disposition de l’adolescent, de sa famille et des professionnels du département :
– une offre sanitaire (accueil, évaluation, consultation, orientation),
– une offre sociale (information, accueil, évaluation, conseil),
– et un pôle de ressources (conseil, information, formation) dans le cadre du réseau ville-hôpital.
Les quatre lieux d’écoute Passe-Muraille, prémices de cette prestation, intègrent et se fondent à la Maison Des Adolescents de Vannes.
Toujours en 2006, le service CAP Ados se crée sur l’initiative du CDE. Conjointement élaboré entre la Direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse (DDPJJ), la DGISS, l’établissement public de santé mentale (EPSM) de Saint-Avé et le CDE, il s’adresse à certains adolescents identifiés comme étant en grandes difficultés, qui témoignent de leur souffrance psychique par des comportements et des passages à l’acte qui laissent les institutions démunies (ruptures successives, échecs répétés des prises en charge, exclusion des institutions, renvoi de la famille, etc.).
2007-2018, recentrage, professionnalisation et modernisation de l’organisation
La récurrence d’une sous-activité sur les lieux d’accueil de Ploërmel et de Pontivy rend nécessaire un rééquilibrage dans la répartition des tâches entre les lieux d’accueil des secteurs concernés. C’est pourquoi, des opérations de modernisation ont été conduites en 2007 et en 2008 :
– fermeture des locaux de Ploërmel et de Pontivy ;
– réorganisation de la prise en charge des enfants et adolescents en « pôles » : le pôle enfance et adolescence est divisé en deux secteurs, Ouest et Est. Le pôle Petite Enfance regroupe le service de la Pouponnière familiale départementale et le service Accueil mère-enfant.
Avec la préoccupation permanente d’une prise en charge sur tout le territoire, les suivis sont dorénavant organisés à partir de Vannes et de Lorient. Ils se déterminent en fonction non seulement du secteur géographique d’origine des enfants confiés, mais aussi et surtout au regard du projet individualisé de chaque jeune et des besoins d’accompagnement des familles d’accueil. Les suivis éducatifs des situations sont organisés par les chefs de service respectifs.
En 2013, commencent les travaux de construction de l’Unité familiale Ouest, à Hennebont. L’installation dans des locaux neufs a lieu à la mi-octobre 2014.
Les services de CAP Ados et de la Maison Des Adolescents, à Vannes, intègrent en juillet 2014 des locaux plus adaptés à Vannes, dans un quartier résidentiel.
Depuis 2015, l’Accueil mère-enfant est suspendu, suite à des difficultés de recrutements d’assistants familiaux.
Alors que l’offre de services se stabilise, cette période est l’occasion d’une professionnalisation de la gestion de l’établissement.
En 2008, la première auto-évaluation de l’établissement est réalisée : réalisation du référentiel, cotation du référentiel, détermination des points forts et des points faibles du CDE, réalisation du plan d’actions pour les cinq ans à venir, transmission aux autorités de contrôle. L’établissement se reconcentre en trois pôles : le pôle administratif, le pôle petite enfance et le pôle enfance adolescence. Le projet de service du pôle petite enfance est présenté aux différentes instances et validé en Conseil d’administration du 15 décembre 2008. Le règlement de fonctionnement, prévu par la loi 2002-2, est validé en Conseil d’administration du 13 octobre 2008 après avoir reçu les avis positifs du GEEF (groupe d’expression enfance famille) et du CTE. Afin d’améliorer la communication dans l’établissement, le réseau informatique a été développé.
L’année 2009 est marquée par l’écriture du projet d’établissement 2010/2015 qui est validé en 2010 en Conseil d’administration, après recueil des avis des différentes instances consultatives. En 2010 est aussi créé le site Internet : www.cde56.fr.
L’année 2011 a permis la réalisation de l’évaluation externe : le rapport final d’évaluation externe a été publié le 21 juillet 2011. Le 25 février 2011, un arrêté du Conseil Général fixe la capacité de l’établissement à 70 places.
En 2013-2014, c’est au tour des personnels du pôle enfance adolescence de travailler à l’élaboration et à l’écriture du projet de leur pôle.
En 2015, une démarche d’évaluation des facteurs de risques psychosociaux a débuté au sein de l’établissement. En juin 2016, deux réunions de restitution des résultats de la démarche d’évaluation des risques psychosociaux ont eu lieu. Vingt groupes de travail ont été constitués sur les préconisations formulées. Une démarche transversale concernant la prévention des risques psychosociaux est ainsi menée au sein de l’établissement de 2016 à 2018, à l’appui du rapport et des préconisations d’une psychologue de la médecine du travail. Le plan d’actions et de mise en œuvre de ces préconisations a été élaboré de manière pluridisciplinaire, proposé et validé en CHSCT.
En 2018, le changement de dénomination des services et la structuration en pôles sont actés.
Évolutions récentes
Après une période de stabilisation durant laquelle le périmètre du CDE avait peu évolué, le CDE renoue avec une dynamique de diversification de son offre en réponse aux besoins du territoire.
En avril 2019, le Centre maternel historique de l’hôpital de Josselin rejoint le CDE alors qu’il déménage à Ploërmel. Une présentation de l’historique du Centre maternel de Josselin est proposée ici : https://patrimoines-archives.morbihan.fr/decouvrir/instants-dhistoire/les-millesimes-du-patrimoine/la-maison-maternelle-de-josselin.
En 2020, il engage des propositions d’évolutions des services et l’évolution du service accueil familial est validée en 2021. Les liens avec le CD sont renforcés la même année.
